Get access to all handy features included in the IVIS website
- Get unlimited access to books, proceedings and journals.
- Get access to a global catalogue of meetings, on-site and online courses, webinars and educational videos.
- Bookmark your favorite articles in My Library for future reading.
- Save future meetings and courses in My Calendar and My e-Learning.
- Ask authors questions and read what others have to say.
Piroplasmose : une réalité belge ?
Get access to all handy features included in the IVIS website
- Get unlimited access to books, proceedings and journals.
- Get access to a global catalogue of meetings, on-site and online courses, webinars and educational videos.
- Bookmark your favorite articles in My Library for future reading.
- Save future meetings and courses in My Calendar and My e-Learning.
- Ask authors questions and read what others have to say.
Read
I. Introduction
La piroplasmose équine est une maladie endémique dans de nombreuses régions du globe et dont l'importance est double. D'une part, le pronostic vital du cheval est mis en jeu, et d'autre part, les transports internationaux des chevaux sont très réglementés vis-à-vis de cette affection. Elle est considérée comme une maladie sévissant essentiellement dans des régions à climat tropical ou subtropical, mais sa répartition mondiale réelle est inconnue.
Le but de cette communication est de mettre en évidence, sous forme d’une étude rétrospective, la présence de la piroplasmose équine en Belgique. A partir de cette étude, une brève revue de la littérature est présentée.
II. Etude retrospective
1. Animaux et procédures diagnostiques
Cette étude rétrospective porte sur 23 chevaux et poneys hospitalisés à la faculté de médecine vétérinaire de Liège entre janvier 1999 et juin 2004 et pour lesquels un diagnostic de piroplasmose a été posé sur base d'un frottis sanguin.
Les animaux étaient principalement d'origine Belge (16 cas) ou issus de régions voisines (ouest de l’Allemagne (1), sud-est des Pays-Bas (2) et nord de la France (2) et n’avaient pas subi de déplacement récent. Seuls deux chevaux avaient été récemment importés : l'un était arrivé d'Espagne depuis 3 jours, et l'autre des USA depuis 11 jours lorsque les signes cliniques de la piroplasmose ont été observés.
Douze des cas étaient des juments, 3 étaient des étalons et 8 étaient hongres. L'âge des chevaux se situait entre 2 et 20 ans, et leur poids variait de 373 à 990 kg. Quatorze races (dont 3 races de poneys) étaient représentées.
Pour chaque cas, le motif de consultation, les données de l'examen clinique à la réception et le résultat des prises de sang réalisées ont été collectés. Des bilans sanguins ont été réalisés pour 21 des 23 cas de notre étude.
Sur chaque cas, un frottis sanguin a été réalisé à partir de sang veineux prélevé à la jugulaire et conservé sur EDTA, ou à partir de sang périphérique prélevé à la face interne de l'oreille et étalé directement sur une lame dégraissée. La coloration utilisée était le Giemsa. La décision de tester les chevaux pour la piroplasmose était prise quand le cheval présentait des signes cliniques pouvant évoquer la piroplasmose (principalement de l'hyperthermie). Sur les 23 cas de l'étude, 18 se sont avérés infestés par Babesia equi au frottis sanguin. Chez les 5 autres cas, l'espèce de Babesia n'a pas été précisée par le laboratoire.
2. Résultats
Motif de consultation et examen clinique
Les raisons pour lesquelles les chevaux ont été référés à la faculté vétérinaire étaient assez variables, mais certains symptômes étaient présents chez plusieurs chevaux. Le signe clinique le plus souvent rencontré était l'hyperthermie; il n'était pas nécessairement présent à l'examen clinique initial, mais apparaissait en cours d'hospitalisation. Un autre signe fréquemment rencontré était l'abattement: 13 chevaux ont été référés pour cette raison ou présentaient de l’abattement à l'examen clinique d'entrée. Onze chevaux présentaient des coliques récurrentes, ou ont présenté un épisode de colique pendant l'hospitalisation. L'anorexie et l’amaigrissement constituaient aussi un signe fréquent.
Analyses sanguines
L'hématologie a mis en évidence une anémie légère à modérée chez seulement 4/20 des chevaux testés (20%), et une anémie sévère sur 1 des cas (5%). Quatre chevaux sur les 20 testés (20%) présentaient une thrombocytopénie, qui chez 3 de ces cas était associée avec une anémie.
Quatre chevaux sur les 19 testés (21%) ont présenté une hypoprotéinémie, dont 3 avec hypoalbuminémie. L'électrophorèse n'a cependant pas été réalisée pour le quatrième cas avec hypoprotéinémie. Le fibrinogène et l'haptoglobine étaient augmentés respectivement chez 8/13 (62%) et 7/9 (67%) des chevaux testés.
Les bilans hépatiques ont montré une atteinte hépatique chez plusieurs chevaux, comme suggéré par une augmentation légère à modérée des LDH (15/15 des cas testés soit 100%), des PAL (5/12 soit 42%), des γGT (4/15 soit 27%), des ASAT (9/11 soit 82%), des SDH (6/14 soit 43%). La bilirubine totale était élevée chez 6/16 des cas testés (38%).
III. Discussion et revue de la litterature
1. Etiologie et épidémiologie
La piroplasmose est due à un parasite qui colonise les globules rouges. Il existe deux agents responsables de cette maladie chez le cheval: Babesia caballi et Babesia equi (récemment rebaptisé Theileria Equi). Ces deux agents sont transmis par des tiques. Chez le cheval, Babesia equi envahit tout d'abord les lymphocytes, puis les globules rouges. Par contre, Babesia caballi ne se développe que dans les globules rouges du cheval.
La piroplasmose équine est présente dans les zones tropicales, subtropicales et tempérées du globe. La distribution géographique de cette maladie suit celle de son vecteur. Les vecteurs de Babesia equi sont des tiques ixodidés. En Europe, Babesia caballi est transmis principalement par Dermacentor reticulatus et Dermacentor marginatus et Babesia equi est transmis principalement par Rhipicephalus bursa, ainsi que par Rhipicephalus turanicus, Rhipicephalus sanguineus et Hyalomma anatolicum. La distribution géographique de ces tiques est assez similaire, et donc la distribution géographique de Babesia caballi et de Babesia equi devrait logiquement être également similaire. Cependant, Babesia equi semble être plus fréquemment rencontré dans notre pays que Babesia caballi.
La présence de la piroplasmose équine en Belgique avait été rapportée dans la littérature précédemment, mais dans un contexte général de répartition européenne. Les cas de piroplasmose rapportés dans notre étude rétrospective chez des chevaux vivants en Belgique et dans les régions limitrophes confirment que cette affection est présente sur le territoire belge.
2. Signes cliniques
La durée d'incubation varie de 10 à 19 jours pour Babesia equi et de 7 à 30 jours pour Babesia caballi. Dès lors, la tique n’est en général plus présente sur le cheval au moment de l’apparition des signes cliniques.
La littérature nous enseigne que la piroplasmose se manifeste par des signes cliniques pour la plupart non spécifiques, et de plus très variables d'un cas à l'autre: on peut rencontrer de l'anorexie, de l'abattement, une perte de poids, une température corporelle augmentée ou normale ou une augmentation des fréquences respiratoire et cardiaque. La couleur des muqueuses est variable: roses pâles, jaunes pâles, jaunes francs ou congestives, et ces dernières peuvent présenter des pétéchies. Des signes de coliques sont possibles, éventuellement associées à une impaction, qui alterne parfois avec de la diarrhée. L'urine peut être foncée, allant du jaune-orangé au rouge-brun (pigments biliaires et hémoglobine). Si le cheval n'est pas traité, l'évolution est souvent défavorable avec apparition d’une anémie sévère et d’une faiblesse générale.
Les chevaux atteints de piroplasmose chronique montrent des signes d'inappétence chronique, de fatigabilité, de baisse de performance, de l’amaigrissement, des muqueuses pâles, une tachycardie modérée et parfois des œdèmes en régions déclives.
Les signes cliniques présents chez les cas rapportés dans notre étude rétrospective sont également peu spécifiques, et sont semblables à ce qui a été rapporté précédemment dans la littérature. La présence d'une forte hyperthermie, éventuellement accompagnée d'abattement ou d'anorexie, constitue souvent le seul symptôme évocateur d'une piroplasmose équine.
L'importance des coliques chez les chevaux atteints de piroplasmose est peu décrite dans la littérature. Cinq chevaux de notre étude étaient sujets à des coliques récidivantes et 11 au total ont présenté des signes de coliques à un moment de leur hospitalisation ou étaient référés à la Faculté pour des coliques. La présence des coliques pendant l'hospitalisation peut être due au changement de condition de logement et d'alimentation pour certains chevaux, mais la forte prévalence de coliques récidivantes serait à étudier en lien avec la piroplasmose.
3. Examens complémentaires
Les résultats hématologiques en cas de piroplasmose sont souvent, comme confirmé dans notre étude rétrospective, peu évocateurs de la piroplasmose, avec parfois une anémie et une thrombocytopénie. Les examens biochimiques mettent souvent en évidence une augmentation du fibrinogène plasmatique et de la bilirubinémie et une diminution de l'albumine, du phosphore et du fer. Selon diverses études, l’activité des enzymes hépatiques (PAL, ASAT, ALAT et GGT) est normale ou augmentée, ainsi que celle de la créatine kinase (CK). Si l’activité de ces enzymes est augmentée, elle redevient normale après le traitement.
La hausse de l’activité des enzymes "hépatiques" fréquemment observée chez les chevaux de notre étude suggère une atteinte hépatique. Des lésions hépatiques (dégénération centro-lobulaire, nécrose de coagulation et stase biliaire) ont été rapportées par plusieurs auteurs à l'autopsie de chevaux morts de piroplasmose aiguë. Ces lésions, les altérations des paramètres sanguins et le retour rapide aux valeurs normales de l’activité des enzymes hépatiques après le traitement de la piroplasmose, sont tous des éléments en faveur d'un lien entre cette maladie et la souffrance hépatique.
4. Diagnostic
Les signes cliniques et l'anamnèse (par exemple: voyage dans une zone infestée) peuvent orienter le diagnostic vers la piroplasmose. Cependant, le diagnostic de certitude ne peut être posé qu'après mise en place d’examens complémentaires.
L’examen du frottis sanguin permet de différentier Babesia caballi et Babesia equi. Babesia caballi est visible sur le frottis 7 à 8 jours après l'infestation, mais il est difficile à mettre en évidence car la parasitémie est souvent très faible (moins de 0.1% des globules rouges). Babesia equi est visible sur le frottis 9 à 12 jours après l'inoculation, et il y a plus de globules rouges parasités: 1 à 7% en général, mais certains cas de chevaux immunodéprimés peuvent présenter jusqu'à 80% de leurs globules rouges parasités. La détection du parasite sur base d’un frottis sanguin a plus de chances d’aboutir pendant la phase clinique de la maladie (souvent associé à un pic de fièvre). Donc, idéalement, le frottis sanguin devrait être réalisé lors d’une phase d’hyperthermie. En dehors des phases cliniques, le parasite reste quiescent dans les organes profonds. A ce stade, le diagnostic n'est donc permis que par la mise en évidence d'anticorps spécifiques. Différentes techniques existent dans ce domaine.
La méthode de fixation du complément (FC) a été mise au point en 1945, puis a été utilisée pour le diagnostic sérologique des infestations par Babesia caballi en 1964. Les anticorps sont détectables 8 jours après l'infestation, et les titres diminuent dans les 2 - 3 mois qui suivent. Pour Babesia caballi, la FC devient négative 3 - 15 mois après l'élimination du parasite. La FC est la méthode officielle de contrôle des chevaux lors de transports internationaux depuis 1969. Pour l'importation des chevaux aux USA, au Canada, au Japon, en Australie, au Mexique et au Brésil, le seuil de positivité est fixé à 3+ (inférieur ou égal à 25% de lyse) pour un sérum dilué au 1/5. Il existe des réactions croisées: les anticorps de Babesia caballi réagissent avec les antigènes de Babesia equi. Les faux positifs et faux négatifs sont possibles. Les cas douteux doivent dès lors donc être testés par immunofluorescence indirecte (IFI).
L’IFI a été utilisée pour la première fois en 1964 pour la détection de Babesia caballi. Aujourd'hui, elle est utilisée quand on ne peut pas conclure avec l'épreuve de FC. Elle est plus sensible que cette dernière, surtout pour dépister les chevaux porteurs latents. De plus, la détection des anticorps est plus longue dans le temps et plus constante qu'avec la FC. Les anticorps sont détectables 3 - 20 jours après l'infestation par Babesia caballi ou Babesia equi. Cette technique nécessite de l'expérience (en particulier pour des sérums douteux), elle est longue à réaliser et son interprétation est subjective.
De nombreuses recherches sont en cours pour trouver des antigènes spécifiques des deux espèces de Babesia. Un test ELISA utilisant des anticorps monoclonaux est actuellement mis au point pour la détection d'infestations par Babesia equi. Ce test serait plus spécifique que la FC et permettrait la détection d'infestations latentes. Sa sensibilité importante permettrait une détection des anticorps dès le deuxième jour de l'infestation, mais les premiers essais ont montré une spécificité peu élevée: de nombreuses réactions croisées se produisent.
L'étude sur les sondes à ADN se développe depuis le début des années 90. La méthode par PCR permet de détecter des infestations sub-cliniques et latentes. Aujourd'hui, elle est réalisée en routine par certains laboratoires. Ces techniques devraient s’avérer utiles pour le diagnostic et le dépistage lors de transport international de chevaux, mais aussi pour vérifier l'efficacité des traitements mis en œuvre et la présence des parasites chez les tiques.
5. Traitement
L'imidocarb (Carbésia®), molécule non enregistrée sur le marché belge pour l’espèce équine, constitue le traitement de choix pour les chevaux atteints de piroplasmose. Sa posologie est variable en fonction du type de Babesia impliqué :
- Babesia Caballi : 2 mg/kg IM 2 fois à 24 heures d’intervalle
- Babesia Equi : 4 mg/kg IM 3 à 5 fois à 72 heures d’intervalle
Chez l’âne, plus sensible aux effets secondaires, on ne dépassera cependant jamais la dose de 2 mg/kg.
Pour Babesia caballi, le traitement préconisé ci-dessus permet la guérison clinique, une diminution du taux d'anticorps et une augmentation de l'hématocrite, ainsi que l'élimination du parasite.
Par contre Babesia equi ne peut pas être éliminé avec ce traitement. La guérison clinique est possible, et souvent constatée, mais le cycle particulier du parasite fait qu'il est résistant aux traitements habituels. En effet, seule la forme intraérythrocytaire est sensible à l'imidocarb. Les animaux restent porteurs du parasite, et donc risquent un nouvel épisode de piroplasmose clinique en cas de baisse des défenses immunitaires.
Le traitement à l'imidocarb doit être réalisé avec précaution. En effet, le produit est irritant et est souvent associé à des effets secondaires indésirables tels que des coliques ou de la diarrhée, éventuellement accompagnés de sudation, larmoiements, jetage nasal, myosis, abattement, décubitus prolongé, voire même mortalité. L’administration préventive de Vétalgine® ou d’atropine peut aider à prévenir ou limiter ces effets secondaires.
IV. Conclusion
Cette étude rétrospective a permis de répertorier 16 cas de piroplasmose équine chez des chevaux vivant en Belgique, et 5 cas chez des chevaux vivant à proximité géographique directe de la Belgique. Cette étude a en outre contribué à la description de la piroplasmose équine dans cette population de chevaux. Le symptôme le plus fréquemment rencontré est de l'hyperthermie, souvent associée à une baisse d'appétit et/ou à de l'abattement. Les bilans sanguins ne révèlent que rarement une anémie franche. Par contre, une hyperbilirubinémie et une souffrance hépatique légère à modérée sont fréquemment associées à la maladie.
Les cas de piroplasmose équine rencontrés en Belgique semblent principalement être dus à Babesia equi.
Get access to all handy features included in the IVIS website
- Get unlimited access to books, proceedings and journals.
- Get access to a global catalogue of meetings, on-site and online courses, webinars and educational videos.
- Bookmark your favorite articles in My Library for future reading.
- Save future meetings and courses in My Calendar and My e-Learning.
- Ask authors questions and read what others have to say.
About
How to reference this publication (Harvard system)?
Author(s)
Copyright Statement
© All text and images in this publication are copyright protected and cannot be reproduced or copied in any way.Related Content
Readers also viewed these publications
No related publications found.
Comments (0)
Ask the author
0 comments