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Soins dentaires : équipement de base, examens et traitements
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Introduction
En comparaison aux ruminants, le cheval possède un système intestinal plutôt inefficace et primitif. Par contre, il dispose d’une mâchoire fortement développée et spécialisée qui lui permet une préhension efficace de la nourriture végétale et de broyer finement cette dernière, de telle sorte qu’une utilisation maximale soit possible par le système digestif. L’évolution du plus ancien ancêtre connu du cheval (Heracothérium ou Eohippos: un petit cheval de 66 cm) en cheval moderne actuel a été accompagnée d’une augmentation de la taille et de la vitesse de déplacement, mais aussi et surtout par les changements qui se sont accomplis au niveau de la tête et de l’encolure.
Grâce à une augmentation de la longueur et à un changement de forme du crâne, des dents plus complexes et plus grandes ont pu se développer afin de mieux s’adapter à un régime alimentaire végétal abrasif et fibreux. Une bonne connaissance de l’anatomie et du fonctionnement de la mâchoire présente un intérêt primordial pour comprendre la prévention, la physiologie et le traitement des anomalies dentaires chez le cheval.
Quelques caractéristiques importantes de la dentition du cheval
Le cheval possède une dentition "diphyodonte", ce qui signifie que durant sa vie, deux dentitions vont se développer : une dentition de lait et une dentition définitive. Toutes les dents ne connaissent cependant pas un stade "dent de lait". La dentition de lait est constituée de 12 incisives et de 12 prémolaires. Les canines et les molaires ne sont présentes que dans la dentition définitive. Cela implique que la dentition de lait se compose de 24 dents et la dentition définitive entre 36 et 44 en fonction de la présence des canines et/ou des "dents de loup".
Les dents du cheval sont appelées "hypsodonte", ce qui signifie qu’elles disposent anatomiquement d’une très longue couronne et d’une racine relativement courte. Une petite partie de la couronne, appelée la couronne fonctionnelle, est visible dans la bouche. Le reste, aussi appelée couronne de réserve, reste logé dans l’alvéole dentaire. De plus, les dents connaissent une période de croissance qui est limitée dans le temps. Il existe un équilibre entre l’usure des dents suite à la mastication et la croissance des dents dans la cavité buccale, ce qui crée une hauteur de couronne fonctionnelle suffisante. C’est ainsi que, le tissu dentaire s’use de 2 à 3 mm par an. Huit à neuf ans après l’éruption d’une dent, le processus de croissance qui trouve son origine au niveau des racines dentaires s’arrête. La dent continue à grandir vers la bouche mais le processus d’usure entraîne une réduction progressive de la couronne de réserve.
La couronne fonctionnelle des 6 molaires d’un cadran (moitié de mâchoire) se ferment étroitement et grâce à cela, elles fonctionnent comme une seule unité lors de la mastication. Le maintien de ce positionnement important est conservé grâce à une interaction entre l’implantation spécifique des dents dans la mâchoire (reconnaissable par l’orientation divergente des racines dentaires), la croissance continue dans une direction "d’occlusion" et la direction des forces exercées pendant la mastication. Lorsqu’un élément sort de l’alignement, il y a apparition d’un "phénomène de dérive". Cela a pour conséquence que les autres dents du quadrant se rapprochent progressivement, et cause un modèle d’usure anormale (crochet avant et arrière) et l’apparition de diastèmes.
La mâchoire supérieure est 30% plus large que la mâchoire inférieure (anisognathie), ce qui entraîne que les molaires ne "tombent" pas parfaitement les unes au-dessus des autres. Cela provoque un "patron" d’usure très typique qui se caractérise par une face externe des molaires du maxillaire et une face interne des molaires de la mandibule plus longues.
L’angle formé par la surface dentaire des molaires par rapport à l’horizontale dans une direction rostro-caudale est de 15º dans des conditions normales (variation 12 à 18º).
Un problème de mastication est caractérisé par un écartement latéral limité de la mâchoire inférieure, prédispose à la formation de bords d’émails pointus (du côté buccal pour la mâchoire supérieure et du côté lingual pour la mâchoire inférieure) qui peuvent entraîner beaucoup de problèmes alimentaires et d’alignements.
Lorsque le plateau dentaire mandibulaire est observé à partir d’une position latérale, on remarque que celui-ci dévie vers le haut à hauteur des dernières molaires, décrit dans la littérature anglo-saxonne en tant que "curve of Spee"; celui-ci s’observe plus particulièrement chez les races de chevaux avec une tête courte (par exemple : pur-sang Arabe, poney). Il est très important de faire la différence entre un "crochet postérieur" sur M3 et ce type de plateau physiologique avant d’entreprendre une quelconque correction.
L’examen de la bouche du cheval
L’examen de la dentition d’un cheval doit être considéré comme faisant partie intégrante d’un programme de santé préventif qui comprend aussi la vermifugation et la vaccination des animaux. Un contrôle bisannuel ou annuel n’est pas un luxe superflu. Cela permet de diagnostiquer rapidement une déviation débutante et de la traiter, et permet dès lors au cheval de profiter au maximum d’une dentition efficace, ce qui favorise une condition optimale et la réalisation de bonnes prestations.
A quoi faut-il faire attention lors de l’examen ?
Le check-up régulier de la dentition n’est pas seulement particulièrement important chez les jeunes chevaux pour lesquels la dentition est en plein développement, mais aussi chez les animaux plus âgés. Le tableau ci-dessous rappelle les éléments les plus importants à surveiller plus étroitement en fonction de l’âge de l’animal :
Nouveau-né | 6 - 8 mois |
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16 - 24 mois | 2 - 3 jaar |
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3 – 4 ans | 4 - 5 ans |
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5 ans et plus | |
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Comment réaliser un examen approfondi fiable de la bouche du cheval ?
L’examen de la bouche du cheval ne doit pas être limité à un simple coup d’oeil au niveau des lèvres et des joues suivi d’une exploration avec les doigts afin de détecter la présence éventuelle de pointes piquantes au niveau des prémolaires. Il consiste en une approche systématique et à l’utilisation du matériel adéquat afin de réunir toutes les conditions pour investiguer correctement l’entièreté de la dentition du cheval.
On préfèrera un endroit calme, correctement éclairé et sans obstacles qui pourraient occasionner des blessures au cheval ou à l’examinateur. La disponibilité en eau et en électricité est un élément favorable.
On commence par une inspection calme et une palpation externe de la tête et de l’encolure, ce qui informe immédiatement sur le caractère et le tempérament du patient examiné et sur certaines asymétries, gonflement ou sensibilité éventuellement évidentes.
En soulevant les lèvres, on a une bonne idée de l’état de santé et du degré d’usure des incisives et éventuellement des canines.
La mobilité latérale de la mâchoire inférieure par rapport à la mâchoire supérieure est testée (cela peut être difficile chez un cheval non tranquillisé). Il faut contrôler que la mâchoire inférieure dévie autant vers la gauche que vers la droite. A cause de l’angle de 10 - 15º qui existe normalement sur la surface dentaire, on voit à un certain moment s’écarter les incisives lors de ce test de mobilité latérale. Lorsque cet angle n’existe pas, les incisives restent les unes contre les autres durant ce test. Si l’angle correct de 10 - 15º est présent, une ligne imaginaire va apparaître à travers la symphyse de la mâchoire inférieure entre la 1ère la 2e incisive au moment où les incisives ont tendance à s’écarter.
Les barres peuvent être palpées en recherchant des irrégularités, des zones douloureuses, ainsi que l’existence éventuelle de dents de loups. Ensuite, en passant les doigts entre la joue et les prémolaires, on peut suspecter l’apparition de pointes d’émail pointues ou de crochets. La maniabilité de l’animal durant cette phase déterminera si il est nécessaire d’utiliser des mesures coercitives afin de pouvoir mener l’examen plus en avant.
Lorsque pour une raison ou une autre aucun sédatif ne peut être administré, on peut, avec des animaux difficilement manipulables, avoir recours à l’utilisation de mesures de contention physique tels que le tord nez. Une autre méthode de contention, moins connue, est le Stableizer. Cet instrument exerce des pressions à des endroits spécifiques (derrière les oreilles, sous les lèvres supérieures), ce qui peut avoir un effet calmant. Aucun de ces 2 objets ne fournit des résultats vraiment fiables. Des réactions adverses restent possibles, ce qui comporte des risques lors de l’examen aussi bien pour le cheval que pour l’examinateur.
Une inspection sûre et complète de la bouche n’est possible que lorsque notre patient est tranquillisé de manière efficace. Pour cela, il est préconisé d’utiliser un α2 agoniste éventuellement combiné à avec un opiacé à longue durée d’action.
α2-agoniste iv | Opiacés iv |
romifidine 0.05 – 0.08 mg/kg | méthadone 0.1 mg/kg |
détomidine 0.01 – 0.02 mg/kg | morphine 0.3 – 0.6 mg/kg |
xylazine 0.5 – 1 mg/kg | butorphanol 0.02 – 0.05 mg/kg |
La combinaison de ces 2 substances favorise l’analgésie et rend le cheval indifférent à la manipulation liée à l’examen de la bouche. Une légère agitation peut se produire une petite heure après l’injection car la xylazine agit moins longtemps que les opiacés. Dans ce cas, une seconde injection d’une demi dose de xylazine permet d’obtenir de nouveau une bonne sédation et relaxation. Pour les chevaux très difficiles, ce cocktail peut être complété avec de l’acépromazine :
α2-agoniste iv | Acépromazine iv | Opicés iv |
détomidine 0.01 mg/kg | 0.05 mg/kg | méthadone 0.1 mg/kg |
détomidine 0.01 – 0.02 mg/kg | 0.05 mg/kg | butorphanol 0.01 mg/kg |
xylazine 0.5 – 1 mg/kg | 0.05 mg/kg | butorphanol 0.03mg/kg |
Afin de bénéficier au maximum des produits administrés, on attendra de préférence 5 minutes entre l’injection des produits et le moment où l’on (re)commencera à examiner l’animal.
Avant de commencer une inspection de la bouche, il est important d’éliminer tous les restes alimentaires avec de l’eau fraîche, additionnée ou non d’un désinfectant (par ex. chlorhexidine 0.1%). Pour ce faire, on peut utiliser une pompe (capacité 300 - 400 ml) munie d’un embout mousse. De manière plus simple, on peut utiliser un tuyau d’arrosage que l’on place dans la bouche en laissant couler l’eau doucement. Le cheval sera muni d’un licol assez large afin de permettre une ouverture facile de la bouche.
En introduisant la main dans la bouche via les barres et en exerçant une pression avec le pouce sur le palais dur, le cheval ouvrira la bouche. On peut aussi ouvrir la bouche en appuyant, de l’extérieur, les joues entre les dents ou tout simplement en saisissant la commissure des lèvres avec un doigt. En attrapant la langue et en la tirant vers l’extérieur, le long de la commissure des lèvres, on peut obtenir une première visualisation de la partie antérieure de la bouche et des prémolaires. En tirant la langue de l’autre côté, on peut examiner alternativement le côté droit et gauche de la bouche.
Afin de pouvoir examiner l’entièreté de la dentition, il est essentiel d’utiliser un pas d’âne. On différencie ici le pas d’âne partiel et le pas d’âne complet.
Le pas d’âne partiel consiste en un bloc (souvent en forme de coin; parfois de forme cylindrique) qui est poussé d’un côté de la tête entre les dents et qui, au moyen d’une sangle, est attaché à la tête ou au licol afin d’être fixé en place. Le grand avantage de ce type d’instrument, est qu’il est bon marché et relativement sur d’emploi. Il peut être introduit facilement, même sur un cheval non tranquillisé, et permet une visualisation convenable de la 1ère moitié de la rangée des dents du côté controlatéral. Grâce à sa position à hauteur des molaires, ce type de pas d’âne est utilisable pour la correction des incisives.
L’inconvénient le plus important de ce pas d’âne est qu’il repousse la langue vers le côté de la bouche qu’on veut examiner, ce qui rend impossible une bonne visualisation de la partie postérieure de la bouche. Finalement, le pas d’âne "partiel" ne permet pas une palpation en toute sécurité de la surface de mastication et des espaces inter dentaires.
Les meilleures variantes dans cette catégorie sont constituées d’un caoutchouc qui prévient les dommages aux dents. Ce sont surtout les chevaux avec une dentition de lait et les vieux chevaux qui peuvent se casser les dents en mordant excessivement sur une variante métallique.
Lorsqu’un tel pas d’âne glisse à côté des dents, il peut causer de sérieux dégâts à la gencive, au palais dur et à l’artère palatine.
Il existe beaucoup de différents types de pas d’âne partiels sur le marché qui se distinguent entre eux par leur taille, leur forme et la manière dont ils sont fixés dans la bouche. La variante la plus simple est le "pas d’âne pouce" qui a une forme de T. Ce pas d’âne est manié en plaçant le pouce dans l’extrémité longue du T et en poussant la partie transverse entre les prémolaires.
Le pas d’âne complet utilise un genre de "prothèse dentaire" qui est placée sur les incisives des mâchoires supérieure et inférieure et relié par un système de levier graduel qui permet d’ouvrir la bouche de manière symétrique et progressive. Cela permet une visualisation parfaite de la dentition et des structures adjacentes. Cet instrument ne peut être utilisé en toute sécurité que sur des chevaux tranquillisés car l’ouverture forcée de la bouche est souvent associée à des réactions de panique. Différents pas d’âne de ce type sont disponibles sur le marché et ils varient dans la manière dont la bouche peut être ouverte. Le système d’ouverture consiste soit en un système de "clic" avec plus ou moins de crans, soit par un système de pas de vis. Le prix d’achat et la qualité de cet instrument est fortement influencée par la qualité du métal dont il est fabriqué.
Les appareils en zinc-cuivre sont peu onéreux à l’achat mais ne sont pas toujours solides. Les meilleurs modèles sont fabriqués en acier inoxydable.
Le type de pas d’âne le plus connu est certainement le McPherson ou Hausman qui fonctionne via un système de clic à 4 - 5 crans.
En remplaçant la "plaque à dents" par une plaque plate en métal qui s’appuie sur les barres ("plaque gum"), on peut aussi travailler sur les incisives ou réaliser un examen de la bouche sur un cheval avec une brachygnathie prononcée. Lors de l’ouverture de la bouche, les joues se tendent et se mettent en contact avec la face buccale des molaires et prémolaires du maxillaire. Quand la dentition est caractérisée par la présence de différentes pointes d’émails piquantes, ce contact peut provoquer des réactions de défense. Il est donc préférable de réduire ces pointes d’émail avant de poser un pas d’âne complet.
Après l’administration d’un sédatif, le cheval descend la tête. Afin de garder la tête du cheval à hauteur des yeux, on peut poser la tête du cheval sur les épaules du propriétaire ou utiliser un appuie-tête muni de caoutchouc. En cas de manque de matériel spécialisé, un balai ou une raclette peuvent aussi aider. Le cheval peut éventuellement être équipé d’un "licol dentaire" réglé à sa taille, licol avec lequel la tête peut être hissée au moyen d’une corde et d’une poulie.
Sans lumière, la bouche du cheval demeure un terrain inexplorable pour l’examinateur.
Pour cela, une "lampe bic" fermement tenue dans la main peut être utilisée, et peut en même temps faire office d’abaisse langue.
L’utilisation d’une lampe frontale permet de garder les mains libres pour palper la bouche et manier les instruments. Les meilleures sources de lumière sont celles dont la lampe est positionnée entre les yeux. La firme Rena’s Equine Dental Instruments commercialise même un pas d’âne muni d’une lampe au niveau de la palette maxillaire ("Spec Bite Lite").
Les lèvres ou la langue peuvent être écartées au moyen d’une spatule. Un simple long chausse-pied peut aussi faire l’affaire. Il existe un instrument spécial appelé "examination basket" qui écarte, d’un côté de la bouche, la langue et les joues. Cet instrument est parfois même pourvu d’une source de lumière grâce à laquelle chaque anomalie peut être bien visualisée, aussi bien par le vétérinaire que par le client.
Un petit miroir monté sur un long manche permet d’aller examiner chaque dent individuellement, ce qui est surtout intéressant pour le diagnostic de petites fractures, de diastèmes, de "nécrose de l’infundibulum" et de problèmes périodontaux. Pour ce faire un laparoscope avec un angle de vue de 45 - 90º peut aussi être utilisé. Pour sonder les poches subgingivales, ôter la nourriture des cavités ou tester la mobilité des dents, on peut faire usage d’un "poinçon dentaire" ou "dental picks".
Une fois que toutes les anomalies sont détectées, on peut les noter sur des fiches dentaires standardisées ("dental records"). Ceci n’est pas seulement intéressant pour documenter l’état de la dentition, mais constitue également la base pour rédiger un plan de traitement et calculer les frais. Grâce à ces fiches, le propriétaire du cheval peut être mieux informé et mieux comprendre l’utilité des soins dentaires curatifs et préventifs. Créer soi-même une fiche dentaire ne nécessite pas beaucoup de créativité ni de bonnes connaissances informatiques. Néanmoins, des formulaires standards sont à la disposition des membres de l’AAEP (http://www.aaep.org/index.php) ainsi que chez certains fabricants (World Wide Equine, Equident, Harlton,…).
Anomalies dentaires les plus fréquentes
- Pointes buccales et linguales
Toutes les dentitions de cheval sont plus ou moins pointues en dessous du côté lingual et au-dessus du côté buccal. L’origine de la formation de ces "bords pointus" réside dans la différence de largeur entre la mâchoire supérieure et la mâchoire inférieure, ainsi que dans la ration qui la plupart du temps est trop peu érosive. Ces pointes acérées peuvent provoquer de la douleur au niveau de la langue et des joues, ce qui amène le cheval à réaliser des mouvements latéraux incomplets des mâchoires.
Par ce processus, les pointes acérées vont demeurer et même s’amplifier. Les coins acérés se présentent surtout fréquemment du côté lingual de la mâchoire supérieure mais sont moins souvent proéminents. - Les crochets
Les crochets se forment surtout sur les 106, 206, 311 et 411. A cause de ces crochets, à chaque coup de mâchoire, une force est exercée vers l’arrière, ce qui "surcharge" fortement l’articulation de la mâchoire. Des crochets très prononcés peuvent causer une irritation visible de la joue et de la muqueuse linguale. - "Dents trop hautes"
Les "dents trop hautes" sont aussi appelées "protubérances". Elles entravent principalement les mouvements d’avant en arrière de la mâchoire inférieure. L’origine de ces protubérances peut être soit une usure plus ou moins incomplète consécutive à un manque de coaptation, soit l’apparition d’un patron d’usure anormal consécutif à un remplacement de dents de lait retardé ou anormal. - Dentition en escalier
Cette anomalie provoque un sérieux obstacle aux mouvements normaux de la mâchoire. Ce n’est cependant pas toujours pathologique : une forme d’escalier physiologique existe lors de la perte d’un bouchon. Dans ce cas normal du développement de la dentition, cette anomalie ne doit pas être corrigée.
On voit souvent apparaître une dentition anormale en forme d’escalier au niveau de la transition entre les prémolaires vers les molaires; l’origine possible de l’apparition de cette anomalie serait le remplacement des molaires de lait. - Dentition ondulée
Une dentition ondulée apparaît fréquemment, notamment chez les chevaux âgés. Il est probable que l’origine de l’apparition de cette vague se trouve dans la jeune dentition. Celle-ci change et reçoit ses éléments fonctionnels permanents entre l’âge de 2 et 5 ans. Lorsque quelques dents retardent l’occlusion pour quelque raison que ce soit, cela résultera en l’apparition d’un ou plusieurs éléments plus longs.
La correction de ces défauts dans le jeune âge prévient l’apparition de vagues dans la dentition à un âge plus avancé. - ATR
L’ATR ou "Accentuated Transverse Ridges", est aussi parfois appelé ETR ("Excessive Transverse Ridges"). Il s’agit de la formation exagérée d’un côté transversal des dents, connu sous le nom de "was bord effect" ou effet "en dents de scie".
On voit fréquemment des ATR, principalement chez les jeunes chevaux, qui sont physiologiques. La conséquence d’un ATR est qu’il y a apparition de pointes très acérées du côté lingual et buccal. Ses ATR sont surtout présents dans la région des molaires et ne sont bien évalués que par palpation. L’ATR entrave un mouvement antéropostérieur correct. Les ATR du côté lingual dans la partie postérieure de la mâchoire constituent souvent une cause de gaspillage de nourriture. Il existe encore des controverses sur la correction de ces ATR. Certains auteurs préconisent de mettre à plat la surface dentaire, d’autres se limitent à une correction en raccourcissant les plus flagrants. - "Ramps"
Les "ramps" sont des crochets (sur la première prémolaire) qui sont en occlusion complète avec la dent opposée et qui cause ainsi une usure exagérée de celle-ci. Dans les cas extrêmes, le "ramp" touche la muqueuse buccale opposée. De plus, cette situation entrave le fonctionnement normal de la dentition.
Toutes les anomalies énumérées ci-dessus peuvent causer de la douleur dans la bouche du cheval à plus ou moins long terme par l’obstruction mécanique qu’elles occasionnent. La principale cause de douleur/gêne dans la bouche est provoquée par une pression anormale sur les dents et/ou l’articulation de la mâchoire. De plus, les traumatismes, les inflammations et les néoformations associées à ces anomalies peuvent aussi entraîner de la douleur.
Anomalies fréquentes des incisives
Lorsque les molaires forment une entrave au fonctionnement normal de la dentition, cela se reflète souvent au niveau des incisives. L’inspection des incisives combinée avec l’anamnèse donne souvent une idée de ce qu’on va trouver au niveau des molaires.
Quelques exemples de présentation anormales des incisives :
- Un "ensemble" normal d’incisive. Les incisives restent en occlusion pendant les mouvements latéraux de la mâchoire jusqu’à ce que les molaires entrent en contact, ce qui éloigne les incisives.
- Un ensemble d’incisives usées en oblique, ("diagonale bite" ou "wedge"). Dans ce cas, les mouvements de mastication ont été réalisés plus dans une direction que dans l’autre.
- Le "Smile" et "Frown". Ces "patrons" d’occlusion sont le reflet d’une dentition qui a trop peu de mouvements latéraux. Le cheval atteint de ces anomalies mâche relativement beaucoup dans un mouvement de haut vers bas et peu dans un mouvement d’aller-retour. On observe fréquemment les "Smiles" et rarement le "Frown".
Les soins dentaires
Les soins dentaires de base comprennent principalement l’élimination des bords/pointes acérés d’émails au niveau du bord externe des dents maxillaires et du bord interne des dents mandibulaires. Ils consistent également à retirer les crochets et les irrégularités de la table dentaire, à arrondir les premières prémolaires afin d’éviter les problèmes de mors et à faire en sorte que l’angle normal de 10 - 15º de la table dentaire soit respecté.
Selon les auteurs, différentes manières de râper les dents du cheval ont été proposées. Il n’existe néanmoins aucune méthode qui soit parfaite. Chacun doit se faire une idée personnelle quant à la manière de travailler pour obtenir un résultat le plus correct possible. Le râpage peut se faire avec ou sans pas d’âne. On commence par le râpage du bord externe des prémolaires de la mâchoire supérieure avant d’introduire un pas d’âne. Pour ce faire, on utilise une râpe à prémolaires (poignée courte, angle de 30º).
Le râpage des dents de la mâchoire supérieure est plus facile que celui de la mâchoire inférieure en raison de la dentition anisognatique. L’extrémité de la râpe doit être maintenue dans un angle de 45º par rapport à l’axe longitudinal de la table dentaire afin que le cheval ne puisse pas mordre sur la râpe. Une fois que les pointes acérées d’émail des prémolaires de la mâchoire supérieure sont éliminées, il faut faire la même chose avec les molaires, mais cette fois au moyen d’une longue râpe droite. Afin de bien pouvoir atteindre les dernières molaires, il existe des râpes spéciales dites "backhook" (longue poignée, courte extrémité râpante avec un petit angle de + 15º). Pour contrôler le résultat et râper les dents de la mâchoire inférieure, un pas d’âne est ensuite introduit.
Le retrait des bords pointus d’émail de la face interne des dents mandibulaires peut se faire avec une longue râpe droite ou avec une longue râpe spéciale dont la tête râpante dessine une courbe spéciale afin d’obtenir un contact plus efficient avec les dents.
Une attention toute particulière doit être portée lorsque l’on râpe les dernières molaires. Les mouvements de va et vient de la râpe dans cette région peuvent causer d’importantes blessures au niveau des parties molles (gencive, oropharynx). Pour éviter ce phénomène, il faut d’abord délicatement positionner la râpe sur le bord postérieur de M3 et râper uniquement en tirant la râpe vers soi.
Il faut aussi porter une attention spéciale aux arrondis des bords antérieurs des premières prémolaires de la mâchoire supérieure et inférieure. Il faut créer à ce niveau un "lit pour le mors" ("bit seats") sur lequel le mors peut mieux se positionner sans qu’il y ait de lésions au niveau des joues ou de la langue induites par contact avec des pointes acérées résiduelles. Il est important de ne pas trop enlever de tissu dentaire afin de ne pas réduire inutilement la surface de mastication du cheval et d’éviter que le mors ne puisse glisser entre les dents.
Il existe une très large gamme de râpes manuelles dans le commerce. Les différences résident dans la forme (~ quelle dent on veut râper), la fabrication (simple – luxe) et la qualité des têtes de râpage (couleur bronze, petites pierres collées = tungstène de carbone; finement granuleux, couleur métallisée = diamant industriel ; dentelée, grise = full carbone). En accord avec les différentes qualités, il existe aussi des différences au niveau des prix. Cela peut aller de 30 € à 150 € ou plus par râpe. Si on pratique beaucoup de soins dentaires sur des chevaux, on préférera l’achat d’une râpe plus chère qui durera plus longtemps et qui permettra de travailler de manière plus efficiente.
A côté des râpes manuelles, il existe aussi des râpes électriques qui permettent de retirer beaucoup de tissu dentaire sans trop d’effort. L’appareil de type Dremel consiste en un petit moteur avec un puit flexible sur lequel différentes "têtes râpantes" peuvent être montées. Un deuxième groupe d’appareil fonctionne sans puit flexible, le moteur est relié via un "pont" rigide à "l’unité râpante". En fonction du fabricant et de la finition, les râpes électriques peuvent être équipées d’un aspirateur et d’un refroidissement par eau. Elles forment une alternative parfaite à la râpe manuelle mais elles doivent être manipulées avec précaution. Il faut surtout se soucier de la sur correction de la dentition (par exemple : râper au-delà de l’angle normal d’occlusion de 10 - 15º au niveau des dents) et de la formation éventuelle de nécrose de la pulpe suite à la chaleur dégagée lorsqu’on travaille trop longtemps sur la même dent. Mieux vaut donc veiller à un refroidissement régulier de la dent. La substance qui se libère pendant l’utilisation de la râpe électrique peut avoir des caractéristiques cancérigènes en cas d’exposition chronique ou de longue durée. Le port d’un masque buccal peut dès lors être conseillé.
Extraction des prémolaires de lait persistantes
On peut retrouver des prémolaires de lait, surtout chez les chevaux de moins de 4 ans. Elles sont faciles à reconnaître à cause de l’existence d’une ligne de démarcation (une sorte de col) entre le "bouchon" et la prémolaire définitive sous-jacente. Lorsqu’ils restent trop longtemps en place, ces "bouchons" peuvent être la cause de l’apparition de "kystes" d’éruption douloureux à hauteur des racines des dents définitives. Le retrait trop rapide des prémolaires de lait (pas encore de ligne de démarcation visible) peut provoquer des dommages au niveau de la dent définitive. Le retrait des bouchons peut se réaliser en utilisant un simple tournevis qui est forcé entre le bouchon et la dent définitive.
Si on veut utiliser quelque chose de plus professionnel, on peut choisir une pince spéciale d’extraction (type Reynolds). Il est important que le bouchon ne soit pas retiré avec un mouvement vertical mais plutôt de le faire tourner hors de sa position. Nous faisons toujours cela dans la direction du palais dur ou de la langue afin d’éviter que des fragments aiguisées du bouchon ne restent dans la gencive buccale où ils sont difficilement décelables et aussi plus difficile à retirer qu’à l’intérieur des dents.
Discussion sur la dent de loup
C’est une mode de retirer les dents de loup. Cette petite prémolaire rudimentaire est souvent accusée à tort d’interférer avec de bonnes prestations. C’est seulement lorsque la dent de loup et sa couronne sont implantées en direction de la joue ou que la dent de loup possède une couronne fort pointue que l’animal peut ressentir une gène quand il est monté avec un mors conventionnel. L’utilisation d’un check (petit mors supplémentaire qui prend appui au niveau barres maxillaires et qui est utilisé pour garder la tête d’un trotteur vers le haut) pose plus souvent des problèmes. Afin de créer un bon "bit seat", cela vaut la peine d’enlever les dents de loup.
Le retrait de la dent de loup dans son entièreté exige une tranquillisation adaptée comme discuté précédemment (voit tableau). Une anesthésie locale aide à rendre la procédure moins douloureuse. On peut faire usage d’un anesthésique de contact afin de rendre la gencive insensible (par ex. Xylonor spray, X’ogel; Septodont). Il est aussi possible de réaliser une anesthésie locale (par ex. Scandicaine) sublinguale et même intraligamentaire (dans le ligament périodontal) ou anesthésie infra orbitaire.
Au moyen d’un périotome ou d’un autre instrument aiguisé (élévateur de racine, petit burin), la gencive est ensuite détachée de la couronne dentaire. Le ligament périodontal est ensuite progressivement cassé en faisant usage d’un élévateur de racine ou d’un burin semi-circulaire adapté. Une fois qu’on peut facilement mobiliser manuellement la dent dans son alvéole, on peut tenter une extraction avec une petite pince adaptée. En post opératoire, on administre du sérum antitétanique. Si la racine est cassée, ce n’est en général pas une catastrophe. On peut essayer quand même de la retirer en utilisant un instrument spécial pour les restes de racines. Cependant, si il reste un petit morceau de dent, il en résulte extrêmement rarement en l’apparition d’une infection alvéolaire. Le reste de racine sera résorbé ou expulsé. Lorsque l’on accorde 2 semaines de repos (c’est à dire pas d’emploi de mors), la plaie d’extraction guérit très facilement.
La création d’un "bit seat"
Un "bit seat" est construit par l’arrondissement de la partie craniale (mésiale en terminologie spécifique de dentisterie) des 4 P2. Ces dents sont modelées en forme de pouce. Il subsiste des discussions sur le grade d’arrondis à créer. Il est néanmoins très important de modeler de la même manière la partie gauche et droite. Avec ces arrondis, on assure un fonctionnement optimal du mors sans irriter les muqueuses sous-jacentes. Les dommages de la muqueuse de la joue sont encore mieux évités par l’arrondissement parfait des crêtes buccales acérées sur les différentes prémolaires du maxillaire.
Correction des grandes anomalies du plateau dentaire (crochets, vagues, escaliers)
Par grandes anomalies, on entend par exemple des crochets prononcés sur P2 ou M3, des dents trop longues suite à la dent antagoniste manquante, des "marches" ou une dentition en ciseau et la présence de dents mobiles suite à une périodontite avancée. Pour corriger de grandes différences de niveau de la table dentaire, on peut naturellement utiliser en premier lieu une râpe électrique ou manuelle. A cette fin, il existe aussi un autre instrument.
L"equi-chip" est un instrument qui est utilisé pour retirer les crochets P2 (fronthook) ou M3 (backhook). L’instrument consiste en un couteau aiguisé monté sur une longue barre, alourdie par un poids à son extrémité et qui est poussé dans une barre plus large. Quand on a positionné le petit couteau au bon endroit dans la bouche, on peut casser le crochet d’un coup avec un mouvement de tiroir soudain. Avec une cisaille à molaires, on peut également retirer les crochets en les découpant. Il en existe 4 variétés en fonction de la taille de la fermeture du bec de la pince qui est indiqué avec un code de lettre (A = le bec ferme entièrement, jusqu’à D = le bec reste grand ouvert après la fermeture totale de la pince). Le but, c’est de choisir une taille de pince adaptée afin qu’en cas de fermeture maximale de la pince, le crochet qui est serré entre les deux soit comprimé de manière minimale. Ce n’est que de cette manière que le crochet se casse avec succès et que la couronne dentaire reste intacte. Après utilisation de l’equi chip ou de tenailles, le plateau doit être modelé au moyen d’une râpe manuelle ou mécanique.
Chez les vieux chevaux, on retrouve fréquemment des dents qui bougent suite à une atteinte périodontale avancée. Il n’y a aucun sens à laisser de tels éléments douloureux en place. Elles peuvent être retirées en utilisant un extracteur dentaire. Il est souvent conseillé d’effectuer cette opération sous une bonne sédation, complétée éventuellement d’une anesthésie locale, afin de faire cela de manière indolore.
Littérature intéressante et liens Web
- Easley & Baker Eds. Equine Dentistry. Philadelphia: WB Saunders, 1999. - Available from amazon.com -
- P Pence Ed. Equine Dentistry: A practical guide. Philadelphia: Lippincott Williams & Wilkins, 2002. - Available from amazon.com -
- T Allen Ed. Manual of equine dentistry. Philadelphia: Mosby, 2003. - Available from amazon.com -
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2. Kruuse (http://www.kruuse.com/asp/index.asp)
3. Eisenhut-Vet (http://www.eisenhut-vet.ch/Home_E.htm) – Swiss float
4. Eickemeyer (http://www.eickemeyer.de/) world wide equine verdeler
5. Jacques Leclair (http://www.horse-dental-equipment.com)
6. World Wide Equine (http://www.horsedentistry.com/Welcome3.html)
7. Alberts Equine dental supply (http://www.alberts.net/)
8. Harlton’s Equine Specialities (http://www.harltons.com/)
9. Rena’s Equine Dental Instruments (http://equinedentalinstrument.com/home.htm)
10. Pacific Equine Dental Institute (http://www.equine-dentistry.net/)
11. Equi-dent (http://www.equi-dent.com/Home.htm)
12. Promax Equine Dental (http://www.promaxequinedental.com/)
13. Powerfloat (http://www.powerfloat.net)
14. Equine Division Carbide Products Company (http://www.horsedental.com/)
15. Stubbs Equine (http://www.stubbsequine.com/)
16. Erbrich – Peter Stelzer instruments (http://www.erbrich-instruments.com/index_e.html)
17. Stableizer (http://www.stableizer.com)
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