Utilisation du test d’effort dans l’évaluation de la contre-performance

L’approche d’un cheval athlète présenté pour contre-performance est complexe pour plusieurs raisons :

• La variabilité de ce que recouvre le terme de performance qui peut être définie comme la capacité du cheval à fournir ce qu’on attend de lui: on n’attendra pas la même chose d’un cheval de loisir, de course, d’endurance, de complet, de dressage, de CSO...
• La multiplicité des facteurs qui entrent en jeu dans la performance incluant les systèmes musculosquelettique, respiratoire, cardio- vasculaire mais aussi l’interaction avec le cavalier, l’équipement, le mental du cheval et les conditions environnementales.
• La réserve fonctionnelle exceptionnelle des systèmes cardiovasculaire et respiratoire dans cette espèce qui explique que ceux-ci doivent être fortement impactés avant que des signes cliniques apparaissent au repos.

• Le fait que certaines anomalies n’apparaissent qu’à l’effort (ex : déplacement dorsal intermittent du voile du palais, rhabdomyolyse à l’exercice...)

Il est donc primordial dans ce cas d’avoir une approche « ouverte » multisystémique et d’évaluer le cheval dans sa globalité.

L’approche d’un cheval contre-performant devrait inclure les éléments suivants :

• L’anamnèse : elle est primordiale. L’approche ne sera par exemple pas la même si le cheval était performant avant son épisode de contre- performance, ou si celui-ci n’a jamais été à la hauteur de espérances du cavalier.

• L’examen au repos : souvent normal en raison de la grande réserve fonctionnelle des systèmes cardiovasculaire et respiratoire du cheval ; il ne devrait néanmoins pas être négligé, afin de ne pas passer à côté d’une anomalie détectable au repos qui rendrait l’examen à l’effort inutile (ex : fibrillation atriale, souffle cardiaque sévère, douleur musculosquelettique évidente...).

• L’examen orthopédique : les problèmes orthopédiques constituent la première cause de contre-performance chez le cheval athlète.

• Un bilan sanguin de base : afin d’écarter un foyer inflammatoire sévère ou une anémie (sévère !) comme cause de contre-performance.

Une fois ces causes écartées, le test à l’effort est une outil diagnostic précieux pour évaluer le fonctionnement global du cheval pendant l’exercice afin d’identifier le système limitant de la performance et d’orienter les examens complémentaires. Pour cela, il doit reproduire les conditions dans lesquelles le cheval est effectivement contre-performant et doit donc être adapté à chaque discipline.

Les premiers tests à l’effort étaient réalisés sur tapis roulant pour des questions techniques (appareils de mesure volumineux). Ils demeurent aujourd’hui très utiles pour la réalisation d’études nécessitant une standardisation parfaite de l’effort demandé. Dans le cas de l’évaluation de la contre-performance, leur utilité est plus limitée: nécessité d’emmener le cheval dans une structure équipé et d’habituer le cheval au matériel, risques accrus de blessure, modification de la foulée, stress inhérent au contexte (augmentation de la FC), impossibilité d’évaluer certains facteurs tels que l’interaction avec le cavalier, et d’observer le cheval dans son exercicehabituel (obstacle, figures de dressage).

Les développements technologiques ont miniaturisé les appareils de mesure et ont permis de transposer les tests sur le terrain : il est désormais possible d’évaluer les chevaux dans les conditions réelles d’entrainement : équipement (enrênements), terrain, interaction avec les autres chevaux, position de tête et interaction avec le cavalier/driver... L’équipement de base comporte un cardio- fréquence-mètre et un GPS afin de mesurer la vitesse pour les chevaux de course et de CCE. Les lactates sanguins sont mesurés sur un analyseur portable. Un endoscope embarqué permettant d’observer le fonctionnement des voies respiratoires supérieures à l’effort et un électrocardiogramme peuvent compléter l’équipement de base, en fonction de l’anamnèse et de l’approche souhaitée par le propriétaire. [...]