Quoi de neuf du côté du risque anesthésique : étude de Morbi-Mortalité CEPEF 4, résultats préliminaires (dont résultats français)

Plus de vingt ans se sont écoulés depuis la dernière étude multicentrique évaluant la mortalité et les facteurs de risque liés à l’anesthésie générale des équidés (CEPEF 2) [1]. La nécessité d'une mise à jour de cette étude fut suggérée il y a quelque année [2]. Après une période de réflexion collective intensive et de planification de l’étude, le recrutement de centre et l’acquisition des données, le CEPEF 4 commença en novembre 2020 [3,4].

Le CEPEF 4 diffère du CEPEF 2 en deux caractéristiques majeures :

1. Le CEPEF 4 recueille non seulement des données sur des chevaux subissant une anesthésie générale (AG), mais aussi des procédures réalisées debout sous sédation (SD) nécessitant une perfusion constante à débit contrôlé (CRI) ou des injections multiples de sédatifs.
2. Toutes les données sont collectées sous format numérique [5] et le dépouillement initial des données est également effectué de manière automatisée (R-scripts). Des réunions en ligne sont régulièrement organisées entre les représentants des centres et les responsables de l'étude afin d’optimiser l'exactitude et le tri des données.

À tous les autres égards, le design de l'étude est identique au CEPEF 2 et permettra ainsi de d’examiner l'évolution de l'anesthésie équine au cours de ces 20 dernières années.

L'objectif du CEPEF4 est de déterminer :

• Le taux de mortalité lié à une AG et/ou une SD chez les équidés ;
• De décrire l'état des pratiques actuelles mondiale de l'anesthésie et de la sédation des équidés ;
• D’identifier les principaux facteurs de risque et d’ainsi essayer d’établir des lignes directrices pour une AG et SD équine plus sûres.

En 2 ans environ (de novembre 2020 à septembre 2022), 38 601 cas provenant de 93 centres dans 27 pays ont été collectés (31110 AG et 7 004 SD). En France, les centres participants sont centre de référés privés alors que dans le monde à peu près la moitié des centres sont des universités (49 universités versus 40 centres privés).

Seuls les résultats descriptifs des chevaux seront présentés ici (mondiaux versus France). A ce stade, le nombre total de cas récoltés n’est pas suffisant pour une étude statistique robuste. Les résultats présentés ici seront étudiés en comparaison entre ceux obtenus au niveau international et ceux obtenu en France.

1. La mortalité :

Des 38 601 cas totaux, 4 247 cas (11,0%) appartiennes aux centres français (4 218 chevaux, 26 ânes et 3 mules), avec 3 593 étant des AG (12,0% des AG mondiales) et 625 des SD (9,0% des SD mondiales). Les taux de mortalité observés dans le monde, dans les sept jours suivant l'AG, sont de 0,9% versus 0,6% en France. Les taux de « décès non coliques» (c’est-à-dire non lié à des coliques chirurgicales) sont de 0,6% dans le monde versus 0,3% en France. En ce qui concerne les « décès coliques » (c’est-à-dire lié à une chirurgie de colique), le taux mondial est de 3,1% versus 4,0% en France. Parmi les « décès non coliques », l’anesthésie lors d’une chirurgie de correction de fracture à le taux de mortalité le plus élevée : 3,3% dans le monde et2,3% en France. D’autre part, dans les sept jours post AG, la phase de réveil est la période la plus critique avec 42% des décès intervenant durant celle-ci dans le monde et 30% pour la France. [...]