Quid des tests allergiques chez le cheval ? Etat de la science

La pathophysiologie de l’asthme équin, affection pulmonaire chronique consécutive à l’inhalation d’allergènes dans l’environnement, n’est toujours pas clairement élucidée et pourrait mettre en jeu différents facteurs environnementaux, immunologiques, infectieux (bactéries, fungi, virus) et génétiques. La possible implication des immunoglobulines de type E (IgE) dans le déclenchement de la maladie, comme rapportée dans certains types d’asthme en médecine humaine, a mené à l’élaboration de plusieurs tests allergiques chez le cheval. Les résultats de ces tests varient toutefois selon les études et leur utilisation enpratique courante ne fait pas l’unanimité.

Cette revue de littérature vise ainsi à faire l’état des lieux sur l’intérêt des tests allergiques dans le diagnostic de l’asthme équin.

Différents types de tests allergiques

Le test intradermique et les tests sérologiques constituent les deux principaux tests allergiques employés en pratique équine. Des tests de provocation par inhalation d’allergènes spécifiques sont aussi décrits mais restent essentiellement employés en recherche et ne seront pas davantage détaillés ici.
Le test intradermique consiste à injecter par voie intradermique en différents sites de l’encolure plusieurs allergènes dilués (ex : mites, fungi, bactéries, végétaux ...), une solution saline physiologique en tant que contrôle négatif et de l'histamine comme contrôle positif. Les réactions cutanées locales suite aux injections d’allergènes sont ensuite évaluées en les comparant aux contrôles négatif et positif. Le laps de temps entre l'injection et la réaction cutanée peut aiguiller sur le type d’hypersensibilité (HS) mise en jeu : réaction immédiate (30 min-1 h) pour l’HS de type I, réaction tardive (4-6 h) pour l’HS de type III, réaction retardée (> 24 h) pour l’HS de type IV.
Les tests sérologiques reposent sur des tests fonctionnels in vitro (ex : sulfidoleukotriene release assay), des tests radioallergosorbent (RAST) ou, plus

fréquemment, des ELISA pour rechercher des IgE spécifiques (ex : Allercept®, Allergy-40®). Des plateformes protéiques spécifiques ont également été récemment développées pour permettre la détection simultanée de nombreux IgE.

Capacité des tests à discriminer des chevaux sains et atteints d’asthme

La capacité des tests allergiques à distinguer des animaux malades d’animaux sains varie beaucoup selon les publications. Certaines études ayant recours à des tests intradermiques ont bien mis en évidence des réactions cutanées davantage marquées et plus nombreuses en réponse à plusieurs types d’allergènes chez les chevaux atteints d’asthme sévère [1, 2], tandis que d’autres n’ont pas observé de différences significatives entre des animaux sains et atteints d’asthme après injections de 17 à 73 allergènes (végétaux, fungi, insectes) [3, 4]. Une étude récente, utilisant une plateforme protéique capable de tester 384 allergènes environnementaux variés, a quant à elle mis en lumière de nouveaux allergènes pouvant être associés à l’asthme équin sévère et incrimine notamment le latex, matériel très utilisé dans le revêtement des pistes d’entraînement et de course [5]. Une autre étude comprenant un groupe contrôle et ayant recours à un test ELISA (Allercept®) a révélé une association entre l’asthme sévère et un type de mite [6]. A l’inverse, aucune distinction entre des chevaux atteints d’asthme sévère et des animaux sains n’a été rapportée dans d’autres études qui comparaient l’efficacité de plusieurs tests fonctionnels in vitro et ELISA (Allercept®, Allergy- 40®) [3, 7].

Corrélations selon le type d’asthme équin

La majorité des études sur les tests allergiques dans l’asthme équin incorporent des animaux atteints de la forme sévère. Deux publications récentes ont toutefois cherché à comparer les résultats de ces tests chez des chevaux atteints de différents typesd’asthme. Une première étude, usant de tests intradermiques, a ainsi révélé des réactions cutanées plus fortes et plus fréquentes à 30 min et 4h chez les chevaux atteints d’asthme sévère, tandis que les asthmatiques légers à modérés avaient davantage des réactions retardées [8]. L’étude de Hansen aquant à elle chercher à comparer différents profils inflammatoires pulmonaires et a mis en évidence une association entre la présence de mastocytes au lavage broncho-alvéolaire (LBA) et les IgE spécifiques à certains insectes et pollens, ainsi qu’entre leséosinophiles au LBA et les IgE de mites et de pollens [9]. Une dernière étude n’a pas montré d’augmentation significative d’IgG et IgE spécifiques à certains fungi dans les lavages trachéaux (LT) de chevaux atteints d’asthme de pâturage, en comparaison de chevaux sains [10]. [...]