Les risques liés à la prairie : reconnaître, surveiller et gérer les plantes toxiques - La gestion du surpaturage et des modifications climatiques

Ces dernières années, les intoxications végétales sont plus fréquemment notifiées et l’impact des modifications climatiques et environnementales semblent modifier les risques et renforcer le danger. Des plantes autochtones ou exotiques envahissent les pâtures ou les prairies de coupe aboutissant à une exposition directe ou via le foin à des concentrations en plantes toxiques.

Si certaines sont connues de longue date (ex Robinier, If, Millepertuis, Coquelicot) d’autres émergent (Lampourde Xanthium, Ammi majus Senecio inaequidens....) ou réémergent (Adonis....)

Le RESPE associé aux deux centres antipoisons vétérinaires de France (CAPAE-Ouest et CNITV-Lyon) avec l’aide d’experts européens (D VOTION Liège, P TRITZ Faulquemont) et de laboratoires de diagnostic (LABEO) a créé un collège maladie du pâturage – plantes toxiques.

Il met en vigilance les vétérinaires sentinelles et documente les cas d’intoxications végétales.

Différents alea environnementaux impactent et modulent la toxicité des plantes en favorisant leur présence ou en modulant la concentration en principes toxiques. D’un phénomène exceptionnel, nous observons une augmentation de la fréquence des notifications d’intoxications par les plantes toxiques qui s’invitent dans les pâtures. Cette augmentation est corrélée avec l’effondrement des notifications d’intoxications par les pesticides les plus toxiques et rémanents. Nous développerons rapidement la prévalence des intoxications végétales au sein des intoxications équines notifiées au CNITV- Lyon. Les circonstances des intoxications en relation avec les modes d’élevage et de gestion de l’alimentation seront également illustrées.

A partir d’exemples issus des cas notifiés ces dernières années, nous essaierons d’illustrer la diversité des tableaux cliniques exprimés et les enquêtes nécessaires pour établir les faits de façon incontestable dans une optique de contentieux civils.

Les cas notifiés au CNITV LYON placent le Robinier (Robinia pseudoacacia) comme première plante à l’origine d’intoxication chez les équidés. Ce sont des cas liés à l’exposition aux graines et aux écorces de cette plante avec une modulation saisonnière. Ensuite vient le Laurier rose (Nerium oleander) qui était exceptionnel et devient fréquent ces dernières années avec une exposition essentiellement via le foin contaminé. L’if (Taxus baccata) complète le trio des plantes à l’origine des notifications fréquentes au CNITV.

C’est par contre l’envahissement cette année des prairies et pâtures par le Séneçon du Cap (Senecio inaequidens) et le Datura stramoine (Datura stramonium) qui a généré un appel à la vigilance automnale en lien probable avec la sécheresse et la météo de cette fin d’été – début d’automne. Cette approche de l’hépatotoxicité des Senecio sera complétée par l’intoxication à la Lampourde (Xanthium strumarium) et le risque Ossifrage (Narthecium ossifragum) et Tribulus terrestris.

L’exemple de l’Adonis permettra d’illustrer le retour d’une plante hautement cardiotoxique avec une valence neurotoxique dans les pâtures et prés fauchés en mai-juin. Il montrera également l’importance de la connaissance du risque pour les producteurs et consommateurs de foins.

L’exemple du Genêt d’Espagne (Spartium junceum) et du genêt à balais (Cytisus scoparius) permettra de montrer l’importance de la diagnose végétale et la potentialisation de la toxicité des plantes par des stress environnementaux (prédation, parasitisme, alea climatiques).

L’exemple des plantes phototoxiques (Millepertuis Hypericum et Ammi majus) illustrera les impacts délétères et rarement mortels et induisant des contraintes importantes dans la conduite de l’élevage et la gestion des équidés. [...]