L’intervention du vétérinaire d’hippodrome sur la piste : Comment gérer un cheval accidenté en urgence devant le public.

La fréquence et la gravité des accidents en course varient suivant la discipline, la qualité de la piste, les conditions météorologiques. Lorsque le vétérinaire d’hippodrome est amené à intervenir en piste, il dispose de peu de temps pour poser un diagnostic, se prononcer sur le pronostic vital et/ou sportif du cheval tout en assurant la sécurité de tous les intervenants. Face au public et aux médias, le vétérinaire de piste est le garant du bien-être animal, tout en limitant l’exposition de son intervention pour préserver l’image des courses. L’intervention en piste doit donc être organisée, coordonnée, rapide et réalisée dans le calme.

Pour cela, il est nécessaire et recommandé de former régulièrement le personnel intervenant en piste les jours de courses. Une mise en situation sur site doit être organisée annuellement pour un hippodrome donné : organisation, fonction de chacun, contention du cheval accidenté, matériel (licols, élingues...) et équipements (écrans, vans...).(cf. www.avef.fr : Intervention en piste sur un cheval accidenté/mise en situation)

Ces mises en situation peuvent-être mutualisées entre plusieurs hippodromes voisins quand ceux-ci organisent peu de réunions par an.
La première étape est de connaître l’hippodrome et son fonctionnement :

• Types de courses, valeur des chevaux de la réunion (important pour s’assurer que la RCP est suffisante)
• Sens et accès à la piste,
• Zones de circulation pour les véhicules de secours
• Zones de sortie hors de la vue du public, en particulier en cas de cheval euthanasié.

Ensuite il faut prendre le temps de sensibiliser tous les intervenants aux règles de sécurité : le danger peut venir non seulement du cheval en cours de soins (savoir où se positionner pour ne pas être blessé par un cheval debout ou en décubitus) mais aussi des autres chevaux potentiellement encore sur la piste. Il est alors primordial de répartir les fonctions et missions de chacun pour :

• Permettre au vétérinaire et son matériel d’arriver rapidement au chevet du cheval ;
• S’assurer qu’aucun autre concurrent ne puisse nous percuter pendant nos soins ; nécessité de neutraliser la course si elle doit repasser au même endroit et évacuer la piste ;
• Sécuriser la zone d’intervention (barrer la route avec les voitures des commissaires, du vétérinaire et l’ambulance) ;
• Mettre en place au moins deux écrans de protection visuelle (hauteur mini 2m50, longueur 4 à 6m, rigidifiés et tenus en plusieurs points sur la longueur) : pour s’assurer de leur bon positionnement il faut que les personnes autour du cheval ne puissent pas voir le public ou les caméras au-dessus ou sur le côté des écrans ;
• Faire appeler sur la zone d’intervention l’entraineur, le propriétaire ou un représentant mandaté (au téléphone si besoin) ;
• Évacuer toutes les personnes non nécessaires.

Le matériel permettant une gestion optimale du cheval accidenté doit être connu, rangé et régulièrement révisé. Nous noterons en particulier la nécessité d’avoir sur site :

• Écrans visuels (cf. supra)
• Plusieurs licols, longes, plates-longes
• Deux élingues non contondantes au minimum (retourner ou soulever le cheval)
• Des cotons ou bouchons pour les oreilles
• Des jerricanes d’eau fraiche
• Une bâche renforcée pour tracter un cheval couché dans un van ambulance
• Matériel de base de soins vétérinaires décrit dans le Guide du Vétérinaire d’Hippodrome

Une fois arrivé sur place et la zone d’intervention sécurisée, le vétérinaire commence rapidement la prise en charge de l’animal accidenté. L’examen nécessite calme et organisation autour du cheval ; les intervenants doivent savoir où se placer pour ne pas se mettre en danger et ne pas déranger le vétérinaire ; les talkies-walkies et autres moyens de communication doivent avoir leur volume au minimum. [...]