Diarrhée aiguë : peut-on poser un diagnostic ?

La diarrhée aiguë constitue une cause majeure de morbidité voire de mortalité chez le cheval. Le diagnostic étiologique des entérocolites est néanmoins difficile, puisque près de 50 % des cas restent de nature indéterminée. En effet, différentes causes engendrent un tableau clinique et des lésions histologiques similaires, l’efficacité des tests de laboratoire est variable et plusieurs agents pathogènes peuvent être retrouvés dans les intestins de chevaux en santé. La plupart des cas d’entérocolite sont d’origine infectieuse chez le cheval, même si les causes non-infectieuses ne sont pas à négliger dans la démarche diagnostique. Lediagnostic présomptif d’entérocolite se base notamment sur la présentation clinique, mais le diagnostic définitif nécessite la recherche d’agents infectieux ou de toxines dans les matières fécales. La prise en charge d’un cheval en diarrhée reste ainsi un défi diagnostique !

Différentes causes de diarrhée aiguë chez l’adulte [1- 5]

De nombreuses causes sont à l’origine de diarrhée aiguë chez le cheval. Cette présentation traite exclusivement de l’étiologie chez l’adulte, les causes spécifiques aux poulains n’étant donc pas abordées dans cette section.

Le tableau I reprend les principales causes infectieuses et non-infectieuses de diarrhée aiguë chez le cheval adulte.

Certaines causes infectieuses, les salmonelloses et clostridioses notamment, posent des enjeux de biosécurité compte tenu du risque de contagiosité aux autres congénères. Ces deux infections constituent aussi des maladies nosocomiales non négligeables, dont plusieurs facteurs de risque attenant aux hospitalisations ont été énoncés. Enfin, la salmonellose, en tant que zoonose, demande de rehausser le niveau de vigilance et de biosécurité lors de la prise en charge de ces cas. De manière générale, face à un cas de diarrhée aiguë, le praticien vétérinaire doit mettre en œuvre rapidement des mesures d’hygiène, désinfection et isolation si possible dès le début de sa prise en charge sans attendre un diagnostic définitif.

Points clés de la prise en charge diagnostique de la diarrhée aiguë chez l’adulte [1-5]

• Commémoratifs et anamnèse :

La prise d’un bon historique auprès du propriétaire est essentiel pour formuler ou exclure des hypothèses diagnostiques.
L’âge adulte de l’animal permet dans un premier temps d’exclure certaines affections propres aux poulains ou jeunes chevaux (ex : Rotavirus). Il est ensuite important d’interroger le propriétaire sur les potentiels traitements reçus (antibiotiques, AINS, laxatifs), l’exposition à des toxiques dans le pré ou au box, un potentiel changement alimentaire, le plan de vermifugation, l’état de santé des autres chevaux, les antécédents ou les maladies intercurrentes. Enfin, l’évolution et la sévérité de la diarrhée (fréquence, consistance et aspect) doivent être clarifiés, tout comme la présence d’autres signes cliniques (colique, abattement, fièvre ...).

• Examen clinique :

L’examen clinique vise à juger de la sévérité de la diarrhée, pouvant aboutir à de la déshydratation voire de l’hypovolémie, et éclaircir la présence d’autres signes cliniques, tels que la fièvre, l’abattement, l’anorexie et les signes de colique. Dans les cas plus sévères, la présence d’œdème déclive signe une perte de protéines (hypoalbuminémie) et des signes d’endotoxémie peuvent survenir (tachycardie, tachypnée, fièvre, muqueuses congestives) élevant alors le risque de fourbure. Plus rarement, des signes neurologiques centraux peuvent être observés lors d’hyperammoniémie consécutive à une surproduction dans le compartiment digestif. [...]