Diagnostic différentiel et démarche diagnostique du prurit

Le prurit est défini comme une sensation peu agréable qui provoque le désir de se gratter. C’est un des motifs de consultation les plus fréquents en dermatologie équine. Les dermatoses prurigineuses sont des dermatoses dont les lésions sont dues au prurit, nous ne parlerons pas dans cette présentation des dermatoses dont le prurit est postérieur aux lésions cutanées.

La démarche diagnostique du prurit est classique avec : recueil des commémoratifs et anamnèses, examen clinique, établissement d’hypothèses diagnostiques, réalisation d’examens complémentaires pour confirmer ou non les hypothèses et finalement, révélation du diagnostic définitif. Le traitement pourra alors être instauré. Chaque étape est indispensable dans la prise en charge des dermatoses prurigineuses [1].

Le diagnostic différentiel inclut de nombreuses dermatoses. Il est possible de les classer à partir de leur étiologie : parasitaire, bactérienne, fongique, allergique, comportementale ou d’origine médicamenteuse.

Les dermatoses parasitaires sont fréquentes, on retrouve les piqûres d’insectes, les phtirioses, les gales, la thrombiculose, l’oxyurose et la dermatose due à Dermanyssus gallinae.

De nombreux insectes peuvent, lors de piqûres, provoquer des démangeaisons et de l’irritabilité chez les chevaux. On retrouve notamment les stomoxes, les haematobia, les hippobosques, les taons, les simulies et les culicoïdes.

Les poux sont fréquemment retrouvés chez les chevaux. Ils peuvent être à l’origine de prurit et de lésions secondaires : alopécie, croûtes, squames ou érythème. On retrouve des poux broyeurs ou piqueurs. Leur observation est possible macroscopiquement dans les poils ou après des tests à la cellophane adhésive. Le phoxime possède une AMM pour traiter les poux.

La gale chorioptique est fréquente et touche particulièrement les chevaux avec des fanons, surtout les chevaux de trait. Elle est due à Chorioptes sp, vivant en surface de la peau et se nourrissant de kératine. Les signes cliniques sont des démangeaisons (plus ou moins visualisables), des squames et des croûtes en début de maladie. Ces lésions débutent sur les extrémités distales des membres, surtout des membres pelviens. Elles remontent progressivement le long du membre jusqu’à atteindre, dans les cas les plus avancés, le pli inguinal. Des surinfections bactériennes peuvent se développer et entraîner des pyodermites plus ou moins sévères. Une évolution vers une forme nodulaire peut être observée en cas de chronicité. Le diagnostic repose sur l’observation du parasite(adulte : 300-500 μm) à l’examen direct du brossage réalisé sur les lésions les plus récentes, après tonte.

La gale psoroptique est due à Psoroptes sp, vivant à la surface de la peau et se nourrissant d’exsudats, dont la durée du cycle est de 10 à 12 jours. Elle est plus rare. Les lésions sont principalement présentes sur les zones avec des crins (crinière, queue, extension possible). Les lésions sont secondaires aux démangeaisons : érythème, squames, croûtes, excoriations, lichénification et alopécie. Le cheval peut également secouer la tête et se gratter les oreilles. Le diagnostic repose sur l’observation du parasite (400-800μm) lors de l’examen direct d’un raclage cutané superficiel.

La gale sarcoptique, également rare, est due à Sarcoptes sp, vivant dans l’épiderme et se nourrissant de kératine et d’exsudats. Les signes cliniques sont secondaires aux démangeaisons intenses et localisés depuis la tête et l’encolure jusqu’à l’ensemble du tronc. Des formes généralisées sont possibles. Le diagnostic repose sur l’observation du parasite (300μm) lors de l’examen direct d’un raclage cutané profond.

Le traitement des gales repose sur l’utilisation d’un antiparasitaire, topique pour la gale chorioptique et psororptique (phoxime, 1/1000 appliqué à la surface de la peau avec une éponge 2 fois par semaine par exemple) et systémique pour la gale sarcoptique(ivermectine 300 μg/kg 2 fois à 15 jours d’intervalle). [...]