Comment nourrir un cheval à l’herbe en fonction de son stade physiologique, de son activité et de la saison ?

L’estimation de la dépense énergétique et donc de l’adéquation des apports sur une période assez longue étant déjà ardue, la variabilité de la ressource en herbe et de sa composition en fonction des saisons induit une grande complexité dans le rationnement du cheval qui peut en bénéficier régulièrement. Le succès de la gestion nutritionnelle d’un cheval à l’herbe toute l’année réside donc dans la capacité d’analyse du propriétaire et de son vétérinaire, dans la connaissance agronomique du terrain exploité et du cheval considéré.

1) Inclure la variabilité de la ressource en herbe dans l’équation

La première chose à prendre en considération est donc la disponibilité de la ressource en fonction des saisons. Cette disponibilité sera bien sur variable en fonction de la surface exploitée, du nombre de chevaux présents dans la structure, du climat et de la nature du terrain. Il est illusoire de vouloir fixer des règles immuables tant les facteurs de variations d’une région à l’autre, d’une saison à l’autre et d’un mode d’exploitation à l’autre sont multiples. L’observation attentive et régulière de la ressource est la seule voie permettant une gestion alimentaire efficace du cheval considéré.

La connaissance du cycle de pousse de l’herbe est capitale pour déterminer les périodes de fortes teneurs en énergie et en azote et ainsi prévoir les adaptations nécessaires dans la ration globale du cheval.

Une analyse d’herbe et de foin permettent aussi, si l’organisation de l’écurie les rend pertinentes et réalisables, d’avoir une vision assez extrapolable des apports en macro et oligo éléments.

2) Connaître son cheval et ses besoins

La connaissance des besoins physiologiques particuliers et des prédispositions du cheval à différentes affections sont des facteurs clé de réussite.

Ainsi toutes les races prédisposées à l’insulino- résistance devront être surveillée dans les périodes de fortes pousses d’herbe pour limiter la prise de poids et les risques de fourbure. De la même façon, les chevaux atteints de Cushing ou de SME devront eux aussi être particulièrement observés.

Les chevaux sportifs, pour qui une variation de poids même relativement minime, pourrait être impactante sur la performance, bénéficieront d’un suivi régulier de leur poids et de leur note d’état corporel.

Les reproducteurs seront eux aussi surveillés dans les périodes de forte demande énergétique, protéique, minérale et vitaminique (période de monte, gestation, lactation) ou, au contraire dans les périodes où la suralimentation peut se révéler délétère (période de sevrage pour les juments).

Une attention particulière devra être portée aux yearlings et aux chevaux en croissance qui présentent des besoins élevés mais dont la capacité d’ingestion n’est pas stable.

3) S’adapter et prévoir

De manière générale l’herbe ou le foin (le cas échéant) doivent être laissés en libre accès, l’ajustement de la ration s’effectuant sur la ration de concentrés si elle existe. Dans les périodes de forte pousse d’herbe, l’apport énergétique de la ration de concentrés sera largement diminué en prévision d’un gain de calories fournies par l’herbe. A contrario, dans les périodes de sécheresse ou l’hiver,la ration de concentrés apportera une quantité de calories beaucoup plus importante pour compenser les pertes. En fonction des analyses de foin et d’herbe et du stade de pousse, l’apport en protéines pourra être réévalué suivant les besoins physiologiques estimés du cheval. La même réflexion pourra être menée pour les minéraux et les vitamines.

Très schématiquement, en période hivernale, la ressource en herbe étant globalement plus limitée, le foin constituera la source première de fibres longues, la ration de concentrés apportera une large part des calories nécessaires en cas de production ou de travail intense. [...]